ma t 159t.                              15 3
Ce jour fust grand bruit à Paris de la mort du roy dUespagne, lequel encores qu'on y tuast et resuscitast tous les ans trois ou quatre fois, si estee que ceste fausse nouvelle, pour estre auctorisée et mandée de plusieurs bons lieux et divers endroits, fust creuë et tenue pour veritable de plusieurs personnes : car le grand prevost Du Val, le procureur general La Guesle, le president de Thou et plusieurs du parti du Roy qui la désiroient, et tout plain d'autres personnages de grand nom et qua­lité , en avoient donné, par lettres et messages expres, advis certain à leurs amis qui estoient à Paris. Et quant à ceux de la Ligue, qui la craingnoient autant que let autres la souhaittoient, ils en avoient pareil advis de ceux de leur parti, et de ceux mesme qui de plus prés approchoient les affaires : comme de Ribaut, Janin, Maspairrault, et de Dalincour qui l'escrivit pour ve­ritable à un sien ami de Paris-, et continua ceste fausse nouvelle à Paris bien huict jours, et à Chartres plus de quinze, où ils la firent imprimer.
Le jeudi 9 du present mois de may, M. de Belin fist à la cour le serment de gouverneur de Paris; auquel jour il fist-un grand tonnerre entremeslé de foudre et tem peste, et en tumba tout plain de malades à Parit de la contagion.
Le vendredi dixieme dudit mois de may, jour et feste
de Saint Job, les Walons firent à Paris une mascarade
de la patience dudit Job, se proumenans par les rues
de Paris avec force gens à moictié nuds, qui avoient
les bras tous sanglans et les corps peints; et marchans
en ce bel équipage, accompagnoient avec des violons
un homme monté sur un asne à reculons, qui renre-
sentoit le bon homme Job; qui, monté sur ledit asne à
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